Robert Musil, écrivain autrichien majeur du début du XXe siècle, est connu pour son roman L'Homme sans qualités, racontant les déboires existentiels d'Ulrich dans la société viennoise d'avant-guerre. Une fresque qui met en scène la crise de la modernité en renouvelant le genre romanesque, explorant notamment les tensions entre science, raison et subjectivité, des thèmes directement inspirés par la science de son temps. Parmi ses figures majeures, Ernst Mach, physicien expérimentateur et théoricien, également philosophe et historien des sciences, dont Albert Einstein a souvent souligné l'importance pour ses travaux. Fait frappant, Musil a effectué une thèse de doctorat en philosophie consacrée aux doctrines d’Ernst Mach (1908), deux ans après avoir écrit et publié son premier roman, Les désarrois de l’élève Törless (1906), où se dessinent déjà les préoccupations qui nourriront sa grande œuvre à venir. À travers un examen du thème de la destruction de l'ego, de l'approche empiriste en littérature à partir de la théorie des sensations de Mach, cette conférence propose d’examiner un cas illustrant une porosité entre littérature, philosophie et sciences.