D’origine nigériane, Olaudah Equiano, rebaptisé Gustavus Vassa, est le premier esclave auteur d’un récit fondateur du genre autobiographique des lettres noires : Le Récit véridique d’Olaudah Equiano par lui-même. Africain, esclave aux Caraïbes, homme libre, paru l’année de la Révolution française. Né Ibo, Equiano rapporte son enlèvement au royaume du Bénin, la traversée transatlantique, sa vente successive à divers maîtres, son affranchissement, sa vie aventureuse de marin et de marchand, enfin sa conversion et carrière d’abolitionniste en Angleterre. Le récit « intéressant » de ses multiples voyages en mer — Caraïbes, Amérique, Méditerranée, Canada, pôle Nord, Angleterre —, sa foi de chrétien liée à son engagement politique, en font un écrivain témoin de la traite africaine et du commerce transatlantique, à l’origine d’une « littérature-monde » faisant fi des genres, des nations, et des « identités ». Je propose de revenir sur ce texte qui, outre son caractère pionnier, met à mal certaines de nos idées reçues sur la traite négrière.